La sainteté est une aventure

Bernanos écrivait : « La sainteté est une aventure. Qui l’a une fois compris a senti tressaillir dans sa chair mortelle une autre terreur que celle de la mort, une espérance surhumaine »(1)
La sainteté chrétienne ne réside pas dans la conformité morale à un idéal abstrait, elle ouvre le chemin du plein accomplissement de tous les désirs humains par le déploiement maximal des capacités d’aimer que Dieu dépose dans les cœurs. Voilà pourquoi Bernanos peut écrire qu’elle est une « aventure » exaltante et que cette découverte fait jaillir une « espérance surhumaine ». Rien d’étriqué ou de suffisant dans l’authentique idéal de la sainteté, rien d’austère ni de sourd à la beauté du monde et de la vie. Ceux qui tentent de marcher vers la sainteté laissent au contraire se développer en eux tout ce que la vie leur offre de meilleur, pour le service généreux et courageux de leurs frères. En se donnant aux autres, ils se découvrent eux-mêmes. En visant plus haut et plus loin qu’eux-mêmes, ils décèlent le vrai sens de leur existence. (…)
L’idéal petit-bourgeois du matérialisme athée imposé comme un dogme à nos contemporains prive dramatiquement la vie des perspectives dont elle a un besoin irrépressible pour se déployer.

Ainsi la sainteté est-elle plus d’actualité que jamais. Elle est même d’une urgence absolue. Seul cet idéal est vraiment digne de l’homme. Il est à la portée de tous, quelles que soient leurs conditions de vie, leurs responsabilités, leurs capacités, leurs échecs, leurs blessures. A condition que soient pris au sérieux la beauté et la dignité de la condition humaine, la recherche et le service de la vérité, la joie du courage et de la générosité. Ceux qui font le choix exigeant de viser la sainteté seront moqués par les adeptes du plaisir superficiel et des réussites apparentes et rapides, mais qu’ils n’aient pas peur : comme l’écrivait encore Bernanos « l’heure des saints vient toujours »(1)

Extraits du Figaro samedi 31 octobre 2015, Chronique du père Matthieu Rougé, professeur au collège des Bernardins et curé de St Ferdinand des Ternes à Paris, auteur de « l’Eglise n’a pas dit son dernier mot. Petit traité d’anti-défaitisme catholique » édition Robert Laffont 2014

(1)Georges Bernanos – ‘’Jeanne relapse et sainte‘’ In: Essais et écrits de combat, I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, p. 40-42.

Par Bertrand HUMEAU, RS

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