Invitation à l’Heure Route !

Cher routier,

C’est par quelques mots du Pape François que je voudrais commencer cette invitation à l’heure-route :

« Je pense souvent à l’expérience qu’un jeune peut faire aujourd’hui en entrant dans une bibliothèque de sa ville, ou sur un site internet, y cherchant le secteur des livres religieux. C’est un secteur qui, lorsqu’il existe, est non seulement marginal dans la plupart des cas mais aussi dépourvu d’œuvres consistantes. En examinant ces rayons, ou ces pages en ligne, un jeune pourra difficilement comprendre comment la recherche religieuse peut être une aventure passionnante qui unit la pensée et le cœur ; comment la soif de Dieu a enflammé de grands esprits tout au long des siècles jusqu’aujourd’hui ; comment la maturation de la vie spirituelle a contaminé des théologiens et des philosophes, des artistes et des poètes, des historiens et des scientifiques. (…) Je veux lancer spécialement aux jeunes un défi : partez à la recherche de votre héritage. Le christianisme vous rend héritiers d’un patrimoine culturel inégalable dont vous devez prendre possession. Passionnez-vous de cette histoire qui est vôtre. »(1)

Le pape lance ce défi à la jeunesse, tout autant que la Route te lance son invitation à découvrir l’Heure Route. Mais au fond qu’est-ce que l’Heure Route et pourquoi s’y aventurer ?

Il ne faut pas se laisser d’abord surprendre pas le vocabulaire ; chacun y va de son vocabulaire technique. Mais dans les termes – Heure-Route – nous découvrons combien elle est au cœur de la Route. C’est l’heure propre à la Route. C’est l’heure distinctive des routiers. Elle est peut-être sur le plan spirituel comparable à ce qu’est la marche pour nous au plan physique, qui est l’instrument de l’aventure. L’Heure-Route est l’instrument de notre aventure spirituelle, la plus grande de toute notre vie : c’est la prière personnelle du routier.

A dix-sept ans, ton regard peut embrasser la vie qui s’ouvre devant toi et que le Père t’offre. Cette vie, tu peux décider de lui donner son sens profond – ou plutôt de le découvrir – et refuser de passer à côté en suivant tranquillement, mais sans désirs et sans joie profonde, le quotidien des jours.

Je crois volontiers que le cœur du routier est empli de grands désirs et que ces élans de la jeunesse se nourrissent d’un réservoir d’huile comme la lampe dans la nuit. Ils se nourrissent dans la nuit pour donner une vive flamme rayonnante. Je dis que ces désirs naissent dans la nuit, comme je pourrais dire qu’ils naissent dans le silence. En effet l’Heure Route est d’abord une invitation au silence. Rien de grand ne s’est fait dans le monde sans silence. Aucune parole profonde n’est sortie d’un cœur qui n’ait auparavant appris à demeurer en silence. Aucun acte libre n’a pu être pris sans quelques instants de silence. La porte de l’Heure Route, c’est le silence – c’est tout simplement la porte de la prière, le préalable de la Rencontre.

Routier, quand dans ta journée prends-tu un moment de silence, de vrai silence intérieur, durant lequel tu ignores le bruit comme le tumulte intérieur des pensées ?

Commence par quelques minutes de silence !

Dans le silence, nous découvrons ce qui nous est cher. Or le routier a trois amours : l’amour de la liberté, l’amour de la vérité et enfin l’amour même de l’Amour. Commençons par la Vérité sur laquelle se fondera ta liberté en vue de l’Amour.

Chercher la Vérité.

L’Heure-Route est le moment formidable et privilégié pour chercher le Vrai. Qu’est-ce que la Vérité ? En grandissant, tu as découvert la multitude des opinions, le foisonnement des idées, les doutes et les interrogations. Que faire ? Qui suis-je ? En un sens, il se peut que tu aies perdu l’innocence et la facilité de l’enfant à vivre et à croire. Mais il y a pire que le doute : la fuite !

Ne fuis pas. Au contraire, prends chacune de tes questions, qui émergent chaque jour, comme des défis à relever. Nourris-toi par des lectures. Demande des conseils de lecture à tes amis, tes parents, ton chef de Clan, le conseiller religieux du Clan, à ton parrain pilote et à ton père spirituel que tu vas choisir en vue de ton engagement pilote (EP). Et surtout n’hésite plus à ouvrir l’Évangile. André Charlier (1895-1971) écrivait à ses élèves : « Lisez le texte sacré de l’Évangile avec le même sérieux que les hommes d’aujourd’hui lisent le journal, vous y découvrirez beaucoup mieux que dans le journal la dernière nouvelle du jour, celle qui vous concerne directement et sans laquelle votre vie n’aurait aucun sens ; vous y lirez la parole que vous aviez besoin d’entendre à l’heure même. »(2) Lis l’Évangile, relis-le. Apprends par cœur le verset qui te touche. Je dis « par cœur », car il faut bien que ce soit le cœur qui s’ouvre à cette Parole. C’est la Parole de Dieu !

Désirer la Liberté.

« Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 31-32) promet le Christ à ses disciples. Cette quête de la Vérité, qui dépasse évidemment les temps d’Heure Route, mais qui se nourrit nécessairement de ces temps de solitude, de lecture, de réflexion et de méditation, va t’ouvrir d’immenses horizons. Si tu apprends à faire de la Vérité une amie, rien ne t’arrêtera plus. Tu iras nourri d’une force intérieure puissante et d’une joie de vivre profonde et lumineuse. Tu iras loin. Les plus grandes aventures – la Vie – ne te feront plus peur. Tu n’iras plus inquiet d’un prochain devoir de maths, ou de telles autres et petites préoccupations. Tu iras loin, non par désinvolture mais par liberté, car tu auras appris à lever les yeux vers des étoiles éternelles.

Apprendre à aimer dans l’oraison.

L’apprentissage de la liberté te mènera à celui de l’amour. Que faire de ma vie, libérée des entraves, des inquiétudes, des peurs ? Quel sens lui donner ? – Aimer !

Celui qui a préparé son navire – cherché la Vérité – et levé les yeux vers l’horizon – désiré la liberté – peut entendre cet appel du large : « Ta vie est faite pour l’Amour. Je t’ai créé par Amour et pour l’Amour ».

Le grand saint Augustin nous a si bien résumé l’appel de notre liberté : « Aime et ce que tu veux fais-le ! » Dans une lettre à une amie, la jeune Thérèse de l’Enfant-Jésus s’écrie aussi, le 16 juillet 1894 : « Oh ! que notre religion est belle, au lieu de rétrécir les cœurs (comme le croit le monde), elle les élève et les rend capables d’aimer, d’aimer d’un amour presqu’infini puisqu’il doit continuer après cette vie mortelle ».

Pour aimer au-delà des limites de ton propre cœur, apprends à te laisser aimer d’abord par ton Créateur. Mets-toi à genoux. Demeure en silence. Ne t’accroche pas aux pensées qui surgissent. Cherche le visage du Christ qui se dessine au fond de l’âme. Entre en oraison.

Je ne voulais pas d’abord t’écrire une méthode mais une invitation, un appel. Avec ces quelques mots, tu peux néanmoins dessiner les traits de ton heure-route : des lectures, la méditation de l’Évangile, et ce simple regard tourné vers le Christ dans lequel tu demeures quelques minutes en silence et en oraison.

Commence tout petit, par quelques instants chaque jour. L’enfant ne monte pas tout de suite sur une moto. Il apprend à faire du vélo. Et chaque jour, il s’exerce un peu sans se décourager. Et plus rapidement qu’il ne le croit, il aura changé de monture pour arriver jusqu’à Jérusalem.


Pape François, Lettre apostolique Scripturae Sacrae affectus à l’occasion du XVIe centenaire de la mort de Saint Jérôme, 30 septembre 2020.

(2) Lettres aux capitaines, Éditions Sainte Madeleine

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