Je te dis pas que c’est pas injuste, je te dis que ça soulage…
La réplique d’anthologie des tontons flingueurs d’Audiard nous a tous fait rire… sans doute parce qu’elle nous caricature à l’extrême… sommes-nous capable de la correction fraternelle… à la scoute?
La correction fraternelle est une nécessité évangélique
Et pourtant, la Bible regorge d’incitation à la paix, le Christ lui-même n’est-il pas appelé le Prince de la Paix? Je retiendrai volontiers cet extrait de l’épître aux Colossiens… « Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ; supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonnés, faites de même à votre tour » (1)
La correction fraternelle ses soucie aussi du bien spirituel de l’autre
Au delà du soucis de corriger l’autre car il me gêne… réfléchissons un instant au 3ème article. « Le scout est fait pour servir et sauver son prochain ». Sauver son prochain, non seulement sur des critères humains, mais aussi et surtout sur le plan spirituel…
Benoît XVI dans son message de Carême 2012 (voir note n°2) nous rappelle avec éloquence le devoir de la correction fraternelle, yc sur la dimension spirituelle : « »En général, aujourd’hui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres, mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères » (2). Il pousse même le raisonnement à dire que celui qui ne le fait pas, commets un péché : en somme le salut du prochain et la condition de notre propre salut. A bon entendeur salut!
« Il ne faut pas se taire face au mal. Je pense ici à l’attitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, s’adaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et d’agir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien »(2)
Alors concrètement : la pratique du feed-back pour faire progresser sans blesser
Cette pratique est assez répandue dans le monde de l’entreprise, et trouve parfaitement sa place dans le mouvement scout, et notamment dans les clans, notamment en CDH. Elle vise d’abord à lever une accumulation de malaises avant que cela ne dégénère, mais son esprit demeure toujours dans les discussion délicates. « Le reproche chrétien n’est jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animée par l’amour et par la miséricorde et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère » (2)
Choisir le moment opportun pour parler
- Réagir à froid, être sûr que la personne est prête à recevoir un feed-back
- Le feed-back est nécessairement constructif, il doit permettre à l’autre de grandir, sinon, il n’est pas scout ! NB : Le feed-back peut être parfaitement positif dans le même esprit !!
- Etablissez l’ordre du jour du conseil ou de la CDH sur une note positive (succès de l’équipe) et un partage selon lequel nous faisons face à un problème au sein de l’équipe et que vous avez besoin de travailler ensemble pour le résoudre
- Etablissez vos attentes sur le conseil ou la CDH – pour échanger des réactions régulièrement comme cela a l’impact sur nous tous. Nous devons travailler ensemble dans l’équipe
Commencer par ne citer que des faits, rien que des faits (aucun jugement)
Demandez à la personne comment vont les choses et comment elle se sent – Utilisez le langage corporel approprié et détendez-vous. Eviter de donner le feedback d’emblée – laissez la personne s’installer et se sentir confortable
- “Je suis très touché par la façon dont”
- “J’ai constaté que tu avais manqué …”
- “J’ai remarqué que tu avais eu tel geste avec Untel”, “que tu avais tenu tel propos
Indiquer l’impact que cela a eu sur soi (pas d’interprétation)
- “L’effet que cela m’a fait …”
- “Je me suis senti mal à l’aise parce que…”
Laisser un moment pour permettre à l’autre d’encaisser – laisser l’opportunité de poser des questions d’éclaircissement
- Faire “digérer”;
- Ecouter l’autre, bien s’assurer que l’autre ait accepté les faits et leur impact sur vous avant de continuer
Suggérer des pistes d’amélioration, inviter l’autre à accepter ou réagir
- “Ce que je te suggère, c’est…”
- “Voilà comment tu aurais pu faire pour éviter de provoquer telle réaction…”
- Cherchez l’accord et l’engagement a propos des étapes sur ce problème spécifique
- Suivez la réunion pour vérifier si les choses sont dans la bonne voie… petite réunion informelle
Si toute l’énergie et la perte de temps que nous dépensons à nous chamailler était convertie pour chercher à mieux s’aimer entre frère… Nous travaillerions alors vraiment à étendre le règne du Christ, prince de la Paix, dans nos clans et dans le monde !
C’est la grâce que nous nous souhaitons à tous tout au long de nos routes !
(1) Lettre de St Paul apôtre aux Colossiens 4, 12-13
(2) Message de Carême 2012 de SS le Pape Benoît XVI, le 3 novembre 2011
« Prêter attention » au frère comporte aussi la sollicitude pour son bien spirituel. Je désire rappeler ici un aspect de la vie chrétienne qui me semble être tombé en désuétude : la correction fraternelle en vue du salut éternel. En général, aujourd’hui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres, mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères. Il n’en est pas ainsi dans l’Église des premiers temps, ni dans les communautés vraiment mûres dans leur foi, où on se soucie non seulement de la santé corporelle du frère, mais aussi de celle de son âme en vue de son destin ultime. Dans l’Écriture Sainte, nous lisons : « Reprends le sage, il t’aimera. Donne au sage : il deviendra plus sage encore ; instruis le juste, il accroîtra son acquis » (Pr 9, 8s). Le Christ lui-même nous commande de reprendre le frère qui commet un péché (cf. Mt 18, 15). Le verbe utilisé pour définir la correction fraternelle – elenchein – est le même que celui qui indique la mission prophétique de la dénonciation propre aux chrétiens envers une génération qui s’adonne au mal (cf. Ep 5, 11). La tradition de l’Église a compté parmi les oeuvres de miséricorde spirituelle celle d’« admonester les pécheurs ». Il est important de récupérer cette dimension de la charité chrétienne. Il ne faut pas se taire face au mal. Je pense ici à l’attitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, s’adaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et d’agir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien. Toutefois le reproche chrétien n’est jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animée par l’amour et par la miséricorde et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère. L’apôtre Paul affirme : « Dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien, toi aussi être tenté » (Ga 6, 1). Dans notre monde imprégné d’individualisme, il est nécessaire de redécouvrir l’importance de la correction fraternelle, pour marcher ensemble vers la sainteté. Même « le juste tombe sept fois » (Pr 24, 16) dit l’Écriture, et nous sommes tous faibles et imparfaits (cf.1 Jn 1, 8). Il est donc très utile d’aider et de se laisser aider à jeter un regard vrai sur soi-même pour améliorer sa propre vie et marcher avec plus de rectitude sur la voie du Seigneur. Nous avons toujours besoin d’un regard qui aime et corrige, qui connaît et reconnaît, qui discerne et pardonne (cf. Lc 22, 61), comme Dieu l’a fait et le fait avec chacun de nous.(2)