« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division »
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 22, 15-21)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre,
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême,
et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu
mettre la paix sur la terre ?
Non, je vous le dis,
mais bien plutôt la division.
Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées :
trois contre deux et deux contre trois ;
ils se diviseront :
le père contre le fils
et le fils contre le père,
la mère contre la fille
et la fille contre la mère,
la belle-mère contre la belle-fille
et la belle-fille contre la belle-mère. »
Méditation
Quel coup de clairon que cette parole du Christ dans notre époque !
Bien loin d’une déformation du message de l’Évangile qui tend à se propager aujourd’hui, faite de tolérance satisfaite, de fausse gentillesse dégoulinante d’hypocrisie, d’effacement et d’humilité mal compris, de belles paroles pour l’unité sans oser dire ce qui nous réunit ni ce qui nous oppose.
La vie chrétienne est tout le contraire du confort installé, de la paix à tout prix, des bons sentiments dégoulinants derrière lesquels tant de gens se réfugient pour se cacher de la médiocrité de leur vie intérieure.
Bien sûr, cela est mieux que de se complaire dans le vice, mais tellement insuffisant !
Le feu sur la terre, l’accomplissement du baptême (qui désigne ici le baptême de l’Église, et non celui du Christ, raconté par Saint Luc au chapitre 3). La division jusqu’au sein des familles, c’est à nous chrétiens de les porter, de les réaliser dans nos vies et dans notre époque, avec beaucoup de discernement et de charité bien sûr, pour ne pas fuir le violent combat auquel le Christ nous appelle.
Qui ne voit pas, dans notre époque, combien le rôle d’un chrétien est d’allumer le feu, de déranger en portant la parole du Christ, en la vivant, avec ce qu’elle comporte de décalage, et sans tomber dans les pièges de se croire supérieur ou de se laisser couper des autres ? Ai-je le courage de me confronter, de porter le feu dans les conversations, y compris familiales, de dire la vérité lorsqu’elle est travestie ou noyée par le relativisme ambiant, de dire que je ne suis pas d’accord et que je tiens à m’exprimer, à argumenter pourquoi ? Ou bien est-ce que je me réfugie derrière une apparence conciliante en enfermant l’autre dans l’idée qu’il ne peut pas comprendre, que l’environnement ne s’y prête pas, que mon prochain ne mérite pas que je lui transmette la « ration de nourriture » qui peut lui ouvrir une porte vers la Vie Éternelle et l’Amour du Christ ?
Moi qui ai déjà allumé tant de feux, dans les conditions les plus difficiles, à Vézelay et ailleurs, vais-je fuir devant ce feu que le Christ me demande de porter sur la terre, alors que j’ai reçu tout ce qu’il faut, combustible, énergie et comburant, pour allumer et propager ce feu vivant ?
Résolution
Le Christ porte dans son corps tout le poids du mal. Il brûle, transforme le mal dans le feu de son amour qui souffre. Card. Ratzinger