De 1976 à nos jours…
« Aujourd’hui nous donnons le départ de la grande aventure de la « Piste-Pilote » que nous appellerons la Route Saint Jacques ». … La Route Saint Jacques doit former des générations neuves de Routiers Scouts d’Europe… Car notre vocation au cœur de l’Eglise (« Guides et Scouts d’Europe, sachez que vous serez toujours des amis pour Nous » Paul VI le 10 septembre 1975 à Rome) est de témoigner de la Route par tous les engagements civiques au sein de toutes les communautés naturelles, religieuses, sociales, culturelles, de témoigner de la Route qui exige et qui apprend le don, le sacrifice qui est acte d’amour, la Route qui appelle à se libérer des attaches de la consommation et de la jouissance, de la Route qui exige que l’on se lève pour la suivre rendant ainsi à l’homme sa dignité, la Route qui est un appel de Dieu à une civilisation assise. La Route Saint Jacques nous initie (initium= départ) à la vie réelle, surtout après le départ, pour prêcher la Route sur tous les chemins du monde aux sédentaires du cœur. (Jean-Charles de Coligny, RS)
Le ton et le style étaient donnés. La Route prenait son véritable envol avec un axe pour la marche, la marche à l’étoile, à Compostelle (Campus-stellae –le champ, le camp de l’étoile).
… Dans beaucoup de troupes, on fait choisir une étoile à un garçon qui s’engage par sa promesse. La promesse est un idéal de vie, comme la Sainteté, qu’on ne peut atteindre ici-bas, mais vers lequel il faut marcher sans cesse, comme la nuit vers l’étoile, si on veut laisser une trace droite. La promesse s’épanouit à la troupe, au clan par une mise en route en patrouille, en équipe ensuite jusqu’au départ routier, moment où l’on peut marcher définitivement seul avec la grâce de Dieu. Le Départ épanouit, donne son sens, sa réalité profonde à la Promesse. Lorsqu’on choisit une étoile, c’est pour marcher avec elle. La route Saint Jacques, par sa dimension cosmique, européenne, ecclésiale attendait les routiers-scouts pour être ré ouverte dans toute sa dimension, pour refaire la route populaire par laquelle l’Europe peut retrouver son unité. Paul VI appelait Santiago le « Phare de l’Unité ». Un éclaireur, un scout c’est celui qui marche devant, qui rouvre les routes, qui trace les nouvelles… (Livret Vézelay 1978)
Près de 40 ans plus tard… au pied de Saint Jacques, il y a comme un brin d’émotion dans la gorge. La Route Saint Jacques a été notre ciment de générations. « Les Routiers de Dieu », comme le traduisait Raymond Oursel, ont perduré le pèlerinage, l’aventure à la mesure des hommes.
« Aujourd’hui c’est différent tout de même, il faut faire attention vous savez, il faut prendre des mesures de sécurité, remplir les formulaires en quatre exemplaires, s’assurer que… » Stop !
Hier et aujourd’hui encore, ce sont les mêmes hommes, les époques changent. Tout est (presque) plus facile aujourd’hui, les routes sont tracées, les moyens de communication sont extraordinairement plus rapides, les progrès techniques ont permis l’amélioration des conditions de vie de manière phénoménale. Bref ! Toutes les conditions sont réunies pour « ramollir » l’homme debout. Certes, il n’est pas question de tenir un langage de « baroudeur » mais simplement de renaître à l’Aventure. De faire découvrir aux générations présentes et à venir le véritable frisson de l’amour de Dieu sur la « Route vivante irradiée de la lumière d’En Haut ». La Route vivante, chantante, joyeuse, celle qui transcende, celle qui nous déplacer les montagnes. (Laurent Garnier, RS)
Ainsi les éléments fondateurs de notre route sont toujours d’actualité :
– la route à pied, qui au bout de quatre jours « d’immersion complète » permet de révéler le routier vrai, sincère, sans artifice, en mettant en pratique l’esprit d’entraide, de service et d’attention à l’autre.
– la redécouverte d’un patrimoine historique :
o qui a construit l’Europe chrétienne (et l’Europe tout court)
o qui est inscrit dans notre personnalité spirituelle ; sobriété, profondeur spirituelle, recueillement, mise en valeur de l’expression chantée…
o la vision de l’art roman qui contribua à lancer la beauté de l’architecture chrétienne
Au terme d’une route ainsi vécue à la découverte des régions de France (à la redécouverte de nos racines) les clans se forgent un esprit propice à l’édification de jeunes adultes prêts à servir, dans les troupes, dans les districts, ou ailleurs. De plus le cumul de différents tronçons donne la mesure d’une action à moyen terme qui avec de la constance se rapproche du pèlerinage du jacquaire médiéval.
En effet après avoir marché sur deux tronçons, on pouvait parcourir le dernier tronçon avec l’arrivée tant désirée à Santiago au sein d’un clan reconstitué d’anciens pistards de la route St Jacques. (il était alors remis le fameux insigne du bâton et coquille à coudre sur la pointe du foulard). Plus récemment, nous avons repris tous ensemble le chemin de Santiago en 1999, 2004, 2010 et en 2015, nous réappropriant ce chemin dans la vie des clans FSE.
Extrait du Vademecum de la Route
Depuis 1976, vers la colline éternelle
Depuis 1976, fidèle au rendez-vous de la Toussaint, la route des Guides et Scouts d’Europe converge vers la colline éternelle où nous attend la basilique Sainte Marie Madeleine de Vézelay.
A la suite des premiers chefs de clan qui se réunirent en 1976 à l’initiative de Jean-Charles de Coligny des milliers de jeunes ont découvert là leur chemin spirituel. Qu’est ce qui contribue chaque année à cette alchimie étonnante où se ressourcent autant les prêtres que les pilotes ? Vézelay correspond à un quadruple carrefour dans notre découverte de la route :
• C’est un lieu de mission, Saint Bernard y a prêché la 2e croisade avec un succès impressionnant en 1146.
• C’est un point de départ de la route Saint Jacques qui introduit dans cette première étape de l’année une démarche vers les repères qui jalonneront la route d’été.
• Dépouillement, authenticité, cheminement spirituel, autant de composantes qui nous aident aujourd’hui à construire l’adulte en devenir qui nous est confié à travers la pédagogie de la route.
• L’architecture de la basilique : un véritable écrin qui donne le caractère à notre route, simplicité, profondeur et épanouissement du beau.
Tels les premiers pèlerins, nous avons repris le chemin pour découvrir au long des routes de Bourgogne comment le Christ nous accueille tel que nous sommes. Notre chemin boueux et pénible, tel notre vie quotidienne, nous conduit au pied de la colline qui exige de monter progressivement vers la Jérusalem céleste symbolisée par la basilique qui se dresse et ne nous reçoit qu’après avoir renouvelé notre volonté de changer notre cœur. L’attente à la porte, puis l’entrée après avoir frappé, montre notre désir ardent de nous convertir.