Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois, dit le Seigneur. Heureux ceux qui croient sans avoir vu !
« La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde ».
Ces paroles de saint Thomas d’Aquin montrent que la miséricorde n’est pas un signe de faiblesse, mais bien l’expression de la toute-puissance de Dieu. C’est pourquoi une des plus antiques collectes de la liturgie nous fait prier ainsi : « Dieu qui donne la preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes et prends pitié ». Dieu sera toujours dans l’histoire de l’humanité comme celui qui est présent, proche, prévenant, saint et miséricordieux. (Pape François, bulle d’indiction du jubilé extraordinaire de la miséricorde).
Le dimanche de la Miséricorde divine est pour chacun de nous l’occasion de s’ouvrir à la Toute Puissance de Dieu qui se penche sur nous pour nous pardonner et nous relever, et c’est fort de cette expérience que nous pourrons alors porter sur nos frères un regard de miséricorde, un regard où rayonne la miséricorde même de Dieu !
Notre-Dame de la rue du Bac
La chapelle de la rue du Bac est mondialement connue, au moins pour sa médaille ! Que s’est-il passé en ce lieu béni ?
Le ciel est descendu sur la terre… De juillet à décembre 1830, soeur Catherine, jeune « novice » des Filles de la Charité, reçoit l’immense faveur de s’entretenir trois fois avec la Vierge Marie. La sainte Vierge lui confiera notamment ceci : « Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur ». Elle demande à sainte Catherine Labouré de faire frapper une médaille portant les deux coeurs de Jésus et Marie profondément unis, en lui disant : « Les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces ». C’est la fameuse médaille miraculeuse. Notre Dame de la rue du Bac nous invite à lui demander explicitement de nombreuses grâces, avec ferveur et confiance.
Méditation
Aujourd’hui s’achève la grande semaine pascale, l’octave de Pâques, durant laquelle, chaque jour, nous avons fêté Pâques. Parce que cette fête est tellement grande qu’un seul jour ne suffit pas pour la vivre et en recevoir tous les fruits, nous sommes encore illuminés par la lumière de Pâques et nous proclamons avec force : « Christ est ressuscité, Alléluia ! ».
Notre foi en la résurrection repose sur le témoignage des apôtres, qui n’étaient pas des hommes farfelus, trompeurs, ou sujets à des hallucinations. Suivons l’itinéraire de leur foi pour affermir la nôtre.
D’abord, ils ont peur. Ils se sont enfermés, par peur des juifs, ils ont verrouillé les portes du cénacle, ils se cachent comme des gens menacés ou traqués. Mais voilà qu’au coeur de leur détresse, Jésus vint, et il était là, au milieu d’eux. « La paix soit avec vous ! ». Le Christ fait éclater les verrous de la peur, il proclame la parole qui libère : « La paix soit avec vous !». Le Seigneur chasse les ténèbres du doute et de l’angoisse pour susciter la paix et la joie. « Les disciples furent remplis de joie ». Rien ne peut lui résister, pas même les verrous de notre coeur. Si tu es pris de crainte devant un témoignage de foi à donner, écoute le Christ ressuscité te redonner confiance.
Après la peur, surviennent la paix et la joie. Mais les apôtres n’en restent pas là, et saint Thomas va nous aider à franchir un pas supplémentaire, un pas décisif. C’est le pas de la foi. Car il ne suffit pas de recevoir à un moment donné une parole forte, ou une grâce particulière. Il faut ensuite en vivre. Il faut persévérer dans la grâce reçue. Tous les convertis le disent. Ce pas entre le voir et le croire n’est pas facile à franchir. Les apôtres l’ont fait, après avoir vu les mains et le côté du Christ, et soutenus par l’Esprit Saint que Jésus a répandu sur eux. Mais Thomas n’était pas avec eux. Et il devra franchir ce pas seul, alors que les autres étaient ensemble. Cela montre d’ailleurs l’importance de la communauté pour confesser sa foi.
Pour franchir ce pas, saint Thomas ne touche pas simplement les plaies du Christ, il va plus loin : il plonge sa main dans le côté transpercé du Christ. Et par ce geste, il plonge sa main dans la source même de notre rédemption. Le côté ouvert du Christ fonde l’Église et les sacrements, avec l’eau du baptême et le sang de l’eucharistie. Le côté ouvert du Christ est la source de la vie éternelle, la source de notre salut. En plongeant sa main dans le côté ouvert du Christ, Thomas manifeste son amour pour le Seigneur et sa foi en celui qui sauve du péché. En plongeant sa main dans le côté ouvert du Christ, Thomas plonge sa main dans le coeur de l’Église qui enfante à la vie de la foi. C’est pourquoi il s’écrit : « mon Seigneur et mon Dieu !».
C’est une réelle proclamation de foi en la divinité du Christ ! Thomas voit l’homme, il confesse le Dieu. Nous sommes appelés à la même confession, au même saut de la foi. Nous voyons l’hostie consacrée, nous confessons le Verbe de Dieu. Nous voyons l’eau du baptême, nous confessons la plongée dans la mort et la résurrection du Seigneur. Nous voyons le saint chrême, nous confessons le don de l’Esprit Saint. Nous voyons le prêtre donner l’absolution, nous confessons la miséricorde divine. Tel est le saut de la foi que nous faisons à chaque fois que nous plongeons notre main dans le côté ouvert du Christ, dans le coeur de l’Église. En suivant les apôtres, nous sommes passés de la peur à la joie et à la paix, puis à la foi. C’est un revirement surnaturel, signe de la résurrection. Les apôtres n’ont pas pu jouer la comédie en inventant cette histoire. Fils et filles de la chrétienté, nous recevons leur témoignage, jusqu’au don de leur vie, et leur témoignage fonde notre foi. Avec saint Thomas, proclamons avec foi : « mon Seigneur et mon Dieu ! ».
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Je prends quelques minutes de prière, en ce dimanche, pour mesurer ce que ma foi doit aux apôtres et au don de leur vie.
Béatitudes
Heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux .
NT 5,10
Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi.
Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.
Matthieu 11,-12
Père Cyril Gordien,