Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Hérode, qui était au pouvoir en Galilée,
apprit la renommée de Jésus
et dit à ses serviteurs :
« Celui-là, c’est Jean le Baptiste,
il est ressuscité d’entre les morts,
et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. »
Car Hérode avait fait arrêter Jean,
l’avait fait enchaîner et mettre en prison.
C’était à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe.
En effet, Jean lui avait dit :
« Tu n’as pas le droit de l’avoir pour femme. »
Hérode cherchait à le faire mourir,
mais il eut peur de la foule
qui le tenait pour un prophète.

Lorsque arriva l’anniversaire d’Hérode,
la fille d’Hérodiade dansa au milieu des convives,
et elle plut à Hérode.
Alors il s’engagea par serment
à lui donner ce qu’elle demanderait.
Poussée par sa mère, elle dit :
« Donne-moi ici, sur un plat,
la tête de Jean le Baptiste. »
Le roi fut contrarié ;
mais à cause de son serment et des convives,
il commanda de la lui donner.
Il envoya décapiter Jean dans la prison.
La tête de celui-ci fut apportée sur un plat
et donnée à la jeune fille,
qui l’apporta à sa mère.
Les disciples de Jean arrivèrent pour prendre son corps,
qu’ils ensevelirent ;
puis ils allèrent l’annoncer à Jésus.

Méditation

Jean le Baptiste est le patron des routiers. C’est pour cela que sa statue de bois est honorée au chevet de la basilique de Vézelay et que l’un des tronçons de notre pèlerinage annuel aux pieds de Sainte Madeleine porte son nom. Homme d’ascèse (« As-tu songé que pour avoir accès à la route il faut commencer par sortir de ta maison renoncer à ton confort, à ta sécurité, rechercher ce qui est difficile et vouloir vivre rudement? […] Veux-tu garder toute ta vie une âme de pauvre ? « ) qui annonce et prépare les chemins du Seigneur, il est pour nous l’homme du désert que nos frères goumiers arpentent et chez lesquels la parole du Petit Prince résonne : « J’ai toujours aimé le désert. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence ». Le petit frère Charles de Foucauld et Ernest Psichari doivent, par leurs écrits et la méditation de leurs vies, être la manne qui nourrit nos chapitres et nos heures-route. Dans le tumulte de nos vies, celle-ci est l’oasis où nous soufflons, à l’ombre de Dieu: « Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur » (Osée 2). Pour les chrétiens, c’est au désert – dans l’aridité et le dénuement – que le croyant vérifie la cohérence de sa foi. C’est au désert que Dieu parle au cœur de celui qu’il aime. Tous les grands prophètes de l’Ancien Testament sont des hommes du désert. Le Christ lui-même y est passé.

Soulignons que les disciples de Jean ne réagissent pas en cédant à la rage ou au désespoir : ils s’en remettent à Jésus. Seulement. Tout simplement.
A l’image d’Hérodiade, nous voulons trop faire entrer le Christ dans nos carcans. Si Sa loi d’amour dépasse, contrevient à nos désirs, on coupe. On élague. On s’arrange. On adapte l’infinie miséricorde pour le gabarit de nos pauvres cœurs. Le Christ nous invite à la fidélité ? Quelle soit sans mesure : « sur ta parole on doit pouvoir bâtir une cité ».

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Jean le Baptiste est un vieux routier : au désert, sa manne est la fidélité.

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