“Rappelez-vous que lorsque vous quittez cette terre, vous n’emportez rien de ce que vous avez reçu – uniquement ce que vous avez donné.” St François d’Assise

Lettre de saint Bernard à Maître Gautier de Chaumont

Bernard l’engage à fuir le siècle et à préférer son salut à ses parents.

1. Je vous plains, mon cher ami, toutes les fois que je pense à vous, en voyant que vous consumez dans de vaines occupations cette fleur de jeunesse, cet esprit pénétrant et cultivé ; cette âme érudite et, ce qui vaut mieux encore pour un chrétien, ces mœurs pures et innocentes qui vous distinguent ; car vous faites servir tous ces dons de la grâce à des choses qui passent au lieu de les employer pour Jésus-Christ, de qui vous les tenez. Oh ! S’il fallait, (mais que Dieu éloigne de vous un pareil malheur !) s’il fallait, dis-je, que la mort vînt tout à coup heurter toutes ces choses de son pied destructeur, quelle ruine soudaine, hélas ! Tous ces avantages se flétriraient à l’instant même, comme on voit, au souffle d’un vent brillant et rapide, l’herbe des champs se flétrir et perdre toute beauté. Que vous semblera-t-il alors de tout le mal que vous vous serez donné ? Que serez-vous en état de rendre à Dieu pour tout ce qu’il vous a prêté, et quels intérêts pourrez-vous servir à ce divin créancier pour les talents qu’il a placés chez vous ? Quel malheur s’il allait vous trouver les mains vides !  Vous savez qu’il n’est pas moins rigoureux à se faire rendre compte de ses biens, que libéral à les répandre. Or il ne peut tarder à vous réclamer avec usure, tout ce que vous tenez de lui ; eh bien, je vous le demande, qu’y a-t-il qui ne vienne pas de lui parmi toutes les choses honorables et flatteuses qui vous signalent à l’attention de vos compatriotes ? Naissance illustre, belle constitution, élégance de formes et de manières, pénétration d’esprit, enfin savoir et probité, que d’avantages réunis ! Mais la gloire en revient de droit à celui de qui vous les tenez ; si vous la revendiquez pour vous, vous usurpez son bien, il vous traitera en conséquence.

2. Mais je veux que vous puissiez vous attribuer tout cela, et en tirer vanité comme si c’était à vous, je vous permets de vous faire appeler Maître par vos semblables, et de rendre votre nom fameux dans le monde, qu’en restera-t-il après la mort ? À peine un souvenir, rien de plus sur la terre, car il est écrit : « Ils se sont endormis du sommeil éternel, et tous ces hommes superbes qui se glorifiaient de leurs richesses, n’ont plus rien trouvé dans leurs mains (Ps 85,5) ». Mais si tel doit être le but de vos travaux, laissez-moi vous demander quelle chose vous avez que votre cheval de partage point avec vous. Ne dira-t-on pas aussi de lui quand il sera mort que c’était un bel et bon destrier ? Mais vous, songea donc au terrible jugement qu’il vous faudra subir au tribunal de Dieu, pour ne vous être point occupé du salut de votre âme, et de quelle âme encore ! Ainsi que pour n’en avoir point fait un autre usage, tout immortelle et raisonnable qu’elle soit, que les bêtes de la leur. Or l’âme d’une bête ne subsiste qu’autant de temps que le corps qu’elle anime, elle cesse d’agir et de vivre avec lui. Eh quoi! vous convient-il de soutenir si mal la glorieuse ressemblance que vous avez avec votre créateur, d’oublier que vous êtes homme, au point de vous mettre sur le même rang que la bête ? Ne ferez-vous rien pour votre âme, rien pour l’éternité ? Vous contenterez-vous, comme les animaux qui naissent et meurent tout entiers en même temps ; de ne songer qu’aux biens matériels et périssables, et fermerez-vous les oreilles à ces paroles évangéliques : « Travaillez pour avoir non la nourriture qui périt, mais celle qui demeure pour la vie éternelle (Jn 6,27) ? » Mais vous savez bien qu’il est écrit que pour monter sur la montagne du Seigneur il faut non seulement s’être occupé de son âme « et ne l’avoir pas reçue en vain (Ps 23,4) », mais de plus s’être conservé le cœur pur et les mains innocentes. Je vous laisse à décider si vous pouvez faire quelque fond sur les œuvres de vos mains et sur les sentiments de votre âme ; mais si vous ne le pouvez pas, jugez quel sort attend vos péchés, quand la damnation est le partage de ceux qui n’ont pas fait le bien ! […]

Épître aux Romains 8,14-16 : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. ».

Questions route :

  • Par le baptême nous sommes enfants de Dieu, par la mort et la Résurrection du Christ nous sommes adoptés, nous devenons fils de Dieu. C’est un cadeau immense, inouïe comme saint Paul l’exprime admirablement dans sa lettre aux Romains.
  • Est-ce que je me tourne vers Dieu comme vers un père, mon Père des Cieux ?
  • Ai-je envers lui une relation filiale ?
  • Qu’est-ce que cela signifie que d’être enfant de Dieu, fils de Dieu ?
  • « Qu’as-tu que tu n’aies reçu » nous dit saint Paul dans une autre de ses lettres (1 Corinthiens 4,7) ? Cette phrase illustre parfaitement la lettre de saint Bernard,.
    • Ais-je conscience que tout ce qui me vient de Dieu?
    • Ais-je conscience que je lui doit tout comme un fils envers son père ?

Résolution :

  • Aujourd’hui je prends du temps pour faire mémoire de mon baptême, de cette vie de Dieu reçue, je réfléchis pour voir comment y répondre et être à la hauteur d’un si grand don. Je demande comme grâce l’humilité
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